Lubie de vacances – septembre 2019
La détermination des étudiants en médecine à persévérer alors qu’une grosse partie de leur carrière se joue à quelques fractions de points à un examen me fascine. Alors pour essayer de mieux comprendre comment sont distribuées les places en 3e cycle de médecine, je me suis amusée à me plonger dans les données du concours des ECN.
Les enjeux du classement
– Qu’est-ce que tu voulais faire plus tard ?
– Chirurgien.
– Dommage, ça s’est joué à une place au classement ; ce sera médecine générale.
Une semaine, des centaines de questions à choix multiples sur tablette notées sur 10800 points. À la fin de leur 6e année, les étudiants en médecine passent les épreuves classantes nationales. Le résultat détermine non seulement la spécialité qu’ils suivront en 3e cycle mais aussi leur ville d’affectation et plus tard les stages qu’ils effectueront, la sous-spécialité qu’ils exerceront, etc.
9 à 11 années d’études, deux concours
À l’issue des ECN de juin 2019, 8728 étudiants ont été classés et se sont répartis courant entre le 3 et le 24 septembre les 8283 postes offerts, hors étudiants ayant choisi un contrat d’engagement de service public (CESP) et étudiants du service de santé des armées (ESSA), dont les postes sont répartis séparément.
28 villes, 44 spécialités, 8283 postes
Certains étudiants ont entre temps choisi de renoncer à leur classement pour repasser l’examen l’année suivante ou ont été invalidés par leur université d’origine. D’autres ont opté pour un déclassement pour procéder à leur choix juste après une personne qu’ils souhaitent suivre.
Les affectations, rendues publiques tout comme le classement général, laissent apparaître des tendances concernant les disciplines et spécialités les plus attractives et des variations selon le genre.
Ophtalmo, chirurgie plastique et dermato en priorité
Des choix genrés
La réforme repoussée à la rentrée 2020
Le Ministère de l’Enseignement supérieur planche sur une réforme du 2e cycle des études médicales et de l’accès au 3e cycle.
Depuis 2016, les ECN prennent la forme de QCM (questionnaires à choix multiples). La correction est automatisée et ne laisse pas de place au favoritisme mais cet exercice purement intellectuel est critiqué car il pousse les étudiants à apprendre des livres entiers par cœur au détriment parfois de la pratique du métier et des stages auprès des patients.
Le système de classement est également critiqué car il cache un écart de notes dérisoire entre les étudiants, comme le montre l’analyse de la distribution des résultats en 2016 par André Quinton et Étienne Rivière.
À classement égal, selon les années, certaines spécialités peuvent être accessibles ou non, renforçant l’impression d’arbitraire des affectations.
La réforme, initialement prévue pour la rentrée 2019 a été repoussée à 2020. Plus que trois promotions d’étudiants pourraient alors être concernées par les épreuves classantes nationales en juin 2020, 2021 et 2022.
Sources : Bibliothèque numérique de droit de la santé et d’éthique médicale, Centre national de gestion, Légifrance, Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf)